Pondre un 9 , François Gremaud
« Comment est-ce que j’écris ? Eh bien, en écrivant. » Dans sa « lecture performée », François Gremaud s’évertue à décrire une manière d’écrire, celle pour le théâtre. La forme, le genre littéraire, viennent alors nourrir le fond et le comment glisse ainsi vers le pourquoi. Le théâtre devient un territoire du presque, de l’à peu près, de l’essayé, pas pu. Mais de l’essayé quand même ! Une volonté de résister et d’embrasser la vie, avec de la joie, sans avoir peur – au contraire ! – de sembler naïf. Pondre un 9 est le deuxième volet d’un « journal théâtral » qui, en plus d’exposer une façon d’écrire, vient surtout interroger ce geste artistique et politique.

Mettre la joie en partage
En près de vingt années, la 2b company a commis plus de vingt pièces. Sa poétique de l’absurde et prétendument de non-sens s’étaye, lorsque François Gremaud écrit et met en scène, d’un important travail d’écriture préalable, et, en collectif, d’une phase d’improvisations libres. Sa démarche reposant sur l’intuition et la contrainte, le décalage et le rire, cherche cet état d’idiotie, qui permet l’émerveillement pour le réel, la joie fertile et infinie.
par Mélanie Jouen pour Artcena

Incarner l’idiotie
De François Gremaud, ce que l’on voit en premier lieu ce sont ses yeux. Grands et bleus, d’une fascinante clarté, ouverts sur l’autre autant qu’ils s’ouvrent à l’autre. Puis, ce sont sa grande taille et sa dégaine dégingandée. François Gremaud incarne l’idiot qu’il dit qu’il est : « simple, particulier, unique » selon la définition du philosophe Clément Rosset. Soit quelqu’un qui pratique l’idiotie pour s’étonner toujours, « s’abandonner » à ce qui est et mettre en partage la joie, qu’il dramatise tout en dé-dramatisant le tragique.
par Mélanie Jouen pour Artcena