Parallax , Kornél Mundruczó / Proton Theatre
12 mars – 4 avril
Lucide observateur des mécanismes intimes et politiques, Kornél Mundruczó les explore à travers des personnages d’une frappante authenticité. C’est encore le cas dans Parallax où se croisent trois générations : la grand-mère à Budapest qui refuse d’accepter une médaille de rescapée de la Shoah ; sa fille à Berlin, qui au contraire fait valoir une identité juive pour obtenir une place pour son fils dans une école ; et ce même fils, en quête d’identité en tant qu’homosexuel, entre joyeuse débauche et discrimination. Dans une scénographie riche de détails et de surprises, à l’image d’une réalité toujours susceptible de renverser les vies et les visions, ils se heurtent aux mêmes questions : comment échapper aux assignations, lorsqu’elles s’inscrivent dans les corps et les mémoires ? L’identité est-elle un poids, une libération ? Une affaire de point de vue ? C’est la question que pose le titre, puisque la parallaxe, en astronomie, désigne l’impact du changement de position de l’observateur sur la perception de l’objet.
La fabrique d’expériences
Né en Hongrie en 1975, Kornél Mundruczó a étudié à l’université hongroise de cinéma et d’art dramatique. Metteur en scène de cinéma et de théâtre européen, il travaille pour la scène depuis 2003. Il fonde en 2009 avec Dóra Büki sa compagnie de théâtre Proton Theatre, avec laquelle il présente des créations d’une théâtralité puissante et originale. S’inspirant parfois de romans (tels Disgrâce de J. M. Coetzee) ou de films, il construit, souvent avec l’écrivaine Kata Wéber – également sa scénariste au cinéma –, des spectacles presque expressionnistes. Les histoires qu’ils racontent, souvent dérangeantes, fouillent la réalité sous tous ses aspects : celle des êtres, dans leurs quêtes intimes, leurs contradictions, et en même temps celle des mondes historiques, politiques, dans lesquels ils se débattent pour exister.
Il est accueilli au Maillon avec The Frankenstein Project (Festival Premières 2008), Disgrace en 2014, Imitation of Life en 2018 et Winterreise en 2019.
protontheatre.hu
Avec : Lili Monori, Emőke Kiss-Végh, Erik Major, Roland Rába, Tibor Fekete, Csaba Molnár, Soma Boronkay
Le texte a été écrit par Kata Wéber et intègre les improvisations de la compagnie.
Mise en scène : Kornél Mundruczó
Dramaturgie : Soma Boronkay, Stefanie Carp
Scénographie : Monika Pormale
Costumes : Melinda Domán
Lumière : András Éltető
Musique : Asher Goldschmidt
Chorégraphie : Csaba Molnár
Collaboration artistique : Dóra Büki
Assistant à la mise en scène : Soma Boronkay
Production : Dóra Büki
Assistante à la production : Henrietta Horváth
Manager : Miklós Kékesi
Directeur technique, assistant régie plateau : András Éltető
Régie lumière : Zoltán Rigó
Régie son : Zoltán Halmen, János Mazura
Accessoires : Gergely Nagy
Cameramen : Mihály Teleki, Áron Farkas
Régie plateau : Tamás Hódosy
Régie principale : András Viczkó
Habilleuse : Melinda Domán
Production : Proton Theatre – Budapest
Coproduction : Odéon-Théâtre de l’Europe / Wiener Festwochen – Freie Republik Vienne / Comédie de Genève / Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa (Milan) / HAU Hebbel am Ufer – Berlin / Festival d’Athènes-Épidaure / Festival d’Automne à Pari / Maillon – Théâtre de Strasbourg, Scène européenne / International Summer Festival Kampnagel – Hambourg / Centre dramatique national d’Orléans – Centre-Val de Loire / La Bâtie – Festival de Genève
Avec le soutien de : Gábor Bojár et dr. Zsuzsanna Zanker, 220volt / Számlázz.hu / Minorities Talents&Casting / Danubius Hotels / Cercle Giorgio Strehler
« Une création puissante, crue et dérangeante, qui ne peut laisser indifférent. »
Artistik Rezo – lire l’article
Une véritable merveille théâtrale
« La compagnie du Proton Theatre, fondée il y a 15 ans par Kornél Mundruczó, est une véritable merveille théâtrale. Les comédien·nes paraissent si parfaitement authentiques qu’on a du mal à s’imaginer qu’ils et elles ne sont pas les personnes qu’ils et elles sont en train de jouer. […] Ils et elles esquissent quelques pas de danse, avant de partir pour l’enterrement – et voici que se joint à elles et eux cette grand-mère morte et se met à danser, puis ces quatre amateurs de sexe à plusieurs, pour une petite chorégraphie de somnambules… Une scène si légère, décalée et pleine d’amour que jaillit soudain un fol espoir… »
Nachtkritik – lire l’article
Tout simplement formidable
Parfois extrêmement condensé dans le texte, mais sans jamais chercher à donner des leçons, Parallax est aussi délicieusement débordant. Cette lumière qui tombe de la fenêtre de la cuisine et marque les différentes heures du jour, la façon dont le metteur en scène combine la vidéo en direct et la scène, mêle le réalisme et la magie fondamentale du plateau et fait naître tantôt le rire, tantôt le silence absolu : c’est tout simplement formidable.
Der Standard (Vienne) – lire l’article
« Un des moments forts de cette édition des Wiener Festwochen est cette création interdite en Hongrie, le pays d’origine du metteur en scène Kornél Mundruczó, parce qu’elle donne à voir des communautés marginalisées : la famille juive d’une femme née dans le camp d’Auschwitz, l’identité queer de son jeune fils. Il faut avoir vu avec quel réalisme Mundruczó et la fantastique équipe de comédien·nes du Proton Theatre font vivre un appartement délabré de Budapest. »
Jury du prix Nestroy
« La vie est pleine d’incertitudes », pense Kornél Mundruczó. « Nous, humains, devons nous rapprocher les un·es des autres. À travers des histoires riches de détails et de conflits comme on les voit au cinéma, on touche plus directement le public. »
Falter, Vienne
Entretien avec Kornél Mundruczó

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